Comme 2022, cette nouvelle année semble débuter sous de mauvais auspices : une inflation, prévue (voir Écho n°150) mais qui commence à produire ses premiers vrais effets sur nos portefeuilles, un vaste mouvement social lié à la réforme des retraites, un tremblement de terre particulièrement meurtrier en Turquie et en Syrie, sans compter la menace d’une nouvelle offensive d’ampleur en Ukraine… Pour le dire franchement : prendre des nouvelles du pays et du monde est particulièrement peu réjouissant en ce moment. D’aucuns ne manquent d’ailleurs pas de profiter de ces événements pour attiser les tensions, tenter de diviser en désignant l’ « autre », supposé étranger à notre société, comme responsable de tous nos maux (la palette des pays d’origine de cet « autre » changeant étonnamment au gré des événements !) ou encore en stigmatisant quelqu’un qui, tout simplement, ne partage pas les mêmes idées.
C’est dans ce genre de situations où les problèmes macroéconomiques croisent les vastes enjeux géopolitiques que la ruralité de notre village montre toute l’ampleur de son rôle protecteur. Nous avions déjà évoqué le sujet : le simple fait de se connaître, même superficiellement, de ne pas se côtoyer dans un anonymat froid constitue un frein naturel à la prolifération d’idéologies mortifères. Et c’est ce qui nous permet de nous retrouver lors de festivités comme, par exemple, celles organisées en ce début d’année (vœux du Maire, repas des aînés…). Chacune, chacun a son point de vue personnel sur tous les sujets mais le « faire village » l’emporte et évite que les dissensions venues de l’extérieur ne s’installent durablement. Ni leurs lots de débordement en tout genre.
C’est une chance que de pouvoir vivre une telle ruralité car, nous le savons, il en va tout autrement dans les milieux urbains où l’accroissement des violences apparaît comme le fruit de l’extension géographique.
Le siècle dernier a été celui de l’attractivité des villes, celui où l’on célébrait la ville comme exemple et où l’on demandait aux villages de s’inspirer de leur fonctionnement.
Peut-être ce XXIe siècle sera-t-il celui où l’on cessera de prôner l’agrandissement sans fin des communes pour privilégier la qualité du lien social. Où ce lien social, résolument inscrit dans une prise en compte du monde extérieur, protègera des méfaits des propagandes haineuses, d’où qu’elles puissent venir.
Qui sait si cela se produira ? Personne. Mais on peut l’espérer, en tout cas. Et y travailler.
Ce tableau pourrait paraître un bilan bien sombre et pourtant, la fin d’année apporte aussi de belles perspectives : d’abord, on a vu que, dans plusieurs pays, les électeurs ont su marquer leur refus des solutions extrêmes et accorder leur vote à des candidats qu’ils jugeaient plus respectueux des institutions. Ils ont ainsi refusé de capituler devant le pire. Ensuite, on constate que, malgré les premières conséquences directes de la guerre comme l’inflation et la hausse des prix, les grandes démocraties maintiennent un soutien ferme à l’Ukraine face à l’agression meurtrière dont elle fait l’objet. Autant de signes d’espoir.
Finalement, qu’il s’agisse de climat, de démocratie ou de solidarité : tout n’est qu’une question de choix. Alors, pour ceux que nous aurons à faire en 2023, n’oublions pas l’héritage laissé aux générations à venir.
Françoise et Félix Luschka, élus de « Montpeyroux pour tous »
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